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L'imaginarium de Romy
L'imaginarium de Romy
27 décembre 2009

Polémique en Allemagne autour des « boites à bébés »

La naissance d’un enfant est en général un joyeux événement mais pas toujours. Infanticide, abandon, nouveau-nés retrouvés morts, sont autant de maux qui frappent nos sociétés. Pour lutter contre ces fléaux, les autorités allemandes ont mis en place à travers le pays des boîtes à bébés, ou « babyklappe » où les nouveau-nés peuvent être abandonnés en tout anonymat et en sécurité. En cette semaine de noel, la polémique n’a jamais été aussi vive entre les adversaires du système et ses défenseurs.

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(Quatre-vingt babyklappe sont présents en Allemagne dont quatre à Munich )D.R

 

Pour éviter les meurtres de nouveaux-nés et permettre aux mères d'abandonner leurs nourrissons à des fins d'adoption, des hôpitaux allemands et des organisations religieuses ou d'intérêt général ont créées des boites à bébés ou « babyklappe ». Pourvue d'une caméra miniature et d'une alarme, le « babyklappe » est une sorte de boîte aux lettres prévue pour déposer son nouveau-né d'une manière anonyme. Les femmes qui ne se sentent pas capables de garder leurs enfants ou qui se trouvent dans des situations graves et difficiles déposent leurs bébés (souvent juste quelques heures après l'accouchement) dans une petite fenêtre à ouverture mécanique.. Un lit chauffé placé derrière le clapet récupère le bébé, dont l'arrivée active immédiatement l’alarme qui avertit le personnel de l’association. Pendant ce temps, la mère peut partir sans être vue et sans donner son identité. Son bébé est tout de suite pris en main tandis que les naissances sont signalées à l'état civil et aux administrations responsables des adoptions.Après un examen médical à l'hôpital, il sera accueilli dans une famille volontaire. Le projet donne huit semaines à la mère pour venir récupérer son enfant si elle le souhaite voire jusqu'à un an pour faire valoir ses droits. Pour éviter toute contestation, les em¬preintes ADN des mères sont systématiquement recueillies sur les bébés déposés. Mais au final, à peine une mère sur dix revient sur sa décision.

Les « boites à bébés » ne font pas l'hunanimité

Aujourd'hui, 80 « babyklappe » existent en Allemangne, dont la plupart sont tenus par l'Eglise. De quoi lutter contre l'infanticide, mais aussi contre les abandons sauvages, car le système a fait ses preuves : 143 bébés ont été récupérés jusqu'en 2007. Une forte opposition est cependant en train de monter en Allemagne, notamment dans les rangs des experts en matière d’adoption, d’universitaires des sciences sociales et psychologiques, mais aussi d’organisations de personnes ayant été adoptées.
Le 30 novembre 2009, Un comité de 26 scientifiques allemands chargés de conseiller les responsables politiques sur les questions éthiques a ainsi ravivé la controverse en recommandant de supprimer les boites à bébés qui existent à travers le pays et l'accouchement sous X. D’après eux, ces mesures « sont éthiquement et juridiquement problématiques parce qu'elles portent atteinte au droit de l'enfant de connaître ses origines et [d'établir] une relation avec ses parents ». Le grand problème en Allemagne réside dans le fait que si une femme accouche sous X et dépose son bébé au « babyklappe », aucune organisation n'enregistre le nom des parents. Cela signifie que les informations sur les origines de l’enfant sont perdues pour toujours et qu’il ne pourra jamais retrouver ses parents, un droit pourtant inscrit en toutes lettres dans la Loi fondamentale allemande. 
Selon le comité, la meilleure alternative au « babyklappe »serait de renforcer l'information sur les possibilités d'aide légale pour les femmes enceintes ou les mères en détresse.

Les babyklappe entre problème éthique et juridique

Pour les détracteurs du système, les boites à bébés exercent un dangereux effet : une sorte de régression en matière d’adoption. La possibilité de déposer anonymement l'enfant à l'hôpital risque en effet d'être adoptée comme une solution de rechange à l'abandon pur et simple.Les premières expériences faites en Allemagne montrent ainsi qu’en dépit de l’existence des « babyklappe », le nombre d’abandons sauvages n’a pas diminué.Les experts assurent également que les mères utilisant les boites à bébé ne sont pas de celles qui tuent leur bébé car le nombre de nouveau-nés retrouvés morts n'aurait lui aussi pas régressé d'un iota depuis l'introduction du système.Ce à quoi rétorquent ses défenseurs en mettant en avant le fait que tous les moyens sont bons pour sauver des vies humaines, même s’il ne s’agit que d’une seule vie au finale. Et au final n'est-il pas plus important de sauver la vie d'un enfant même si ce dernier ne connaît pas ses parents ? Le parti des Verts, un avocats les plus actifs des « babyklappe », a donc lancer en 2007 à Berlin une campagne d'information sur le thème « plutôt que de jeter les bébés à la poubelle » face à la recrudescence des cas d'infanticide officiellement constatée ces dernières années.

Problème : les « babyklappe » bien que tolérés dans la pratique sont en principe illégaux : aucun texte légal les autorisent expressément. L'abandon d'enfant est certes puni par la loi allemande, mais seulement s'il y a absence d'assistance. Cette volonté de supprimer les babyklappe a entrainé simultanément dans son sillage un autre débat autour de l’accouchement sous X prohibé en Allemagne. De nombreux hôpitaux pratiquent la naissance sous X et se justifient alors par la nécessité de porter assistance à personne en danger. Inquiets Exercer dans l’illégalité, nombre de médecins inquiets appellent maintenant à légiférer. Ce à quoi semble s’être engagé, le nouveau gouvernement de centre-droit en indiquant vouloir se saisir du débat. L'accouchement « discret », et non pas « sous X »seraient alors légalisé. Cette solution permettrait à la mère d'être prise en charge en milieu médicalisé. Ses données personnelles seraient conservées, voir restituées à l'enfant au bout d'un temps et d'une procédure déterminés.
Mais au-delà des problèmes juridiques et éthiques, le vrai problème se situe du côté des mères. Plus qu’un besoin juridique, ou d’une assistance médicale, la mère a besoin d’un soutien psychologique et d’un accompagnement. Les associations ne savent pas vraiment à quel type de mère et de femme, elles ont affaire. L’anonymat du geste ne permet pas de se faire une idée précise de leurs motivations d’abandonner leur enfant. Les « babyklappe » ne résolvent certes pas le problème dans son ensemble, mais apportent une partie de la solution en ne laissant pas des nouveaux-nés sans aucune possibilité d’avenir.

Romy Luhern

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