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L'imaginarium de Romy
L'imaginarium de Romy
3 janvier 2010

Contradiction de l’homme du XXIème siècle

Avis aux amateurs et amatrices du Docteur House, vous serez servis en rencontrant Alexandre. Ce jeune homme de vingt-trois ans lui même « cynique » et « arrogant » aurait semble t-il trouver son alter ego en la personne de ce docteur de sitcom à succès irrévérencieux au plus haut point dont il ne cesse de chanter les louanges. A le voir, tout de noir vêtu, boucle d’oreille et regard sombre, on a l’impression d’avoir affaire à l’archétype même du rockeur écorché vif d’un énième groupe de musique underground. Imprévisible et fantasque, il est hors de question pour lui de faire dans la dentelle en gardant ses opinions sur autrui qu’elles soient bonnes ou mauvaises. La diplomatie ou la bienséance il ne connaît pas: « j’ai conscience d’être un emmerdeur doublé d’un misanthrope au sale caractère, mais contrairement à beaucoup de personnes j’ai des capacités. Je passe mon temps à me dire que les gens sont des cons bien souvent incapables ». Constamment tenté par la solitude, il est préférable de l’approcher de loin, comme pour mieux l’apprivoiser : « plus jeune j’étais encore moins sociable, en vieillissant ça s’améliore, mais je n’aime pas avoir trop de gens autour de moi. Même avec mes amis, il ya toujours un moment où j’ai besoin de m’isoler ». Elitiste, caustique il est persuadé d'assister à la fin d'un monde réfléchi et intelligent, jusqu’à penser qu’en cas de conflit entre tous les débiles du monde et les surdoués il tiendrait le rôle de  médiateur.  Même s’il se définit comme un véritable « aimant à emmerdes », bien loin de lui l’idée de se complaire dans son malheur à l’instar de beaucoup d’autres. 

 

« Un paradoxe vivant »

 

Pourtant le témoignage de son amie Charlotte, vient contrebalancer en partie ses propres dires : « Alex est un peu solitaire certes, mais c’est le joyeux luron de la bande, même si il est souvent égayé par l’alcool ».  Et  à regarder son parcours professionnel de plus près on voit que ce dernier reste pour le moins atypique. Aujourd’hui agent immobilier, celui qui petit  rêvait de devenir policier pour « défendre la veuve et l’orphelin » a tantôt été serveur, barman, commercial, animateur dans un village de tourisme, des métiers où le contact avec les gens est primordial. Paradoxalement à son aversion pour le genre humain, le contact avec le particulier lui plait et l’amuse. Bien que blasé et réaliste, il n’en demeure pas moins utopiste, prônant la primauté des relations amicales et sentimentales sur l’appât du gain à tout prix, même  s’il est vrai que  « l’argent permet de mieux vivre ».

Mis face à ses propres contradictions, Alexandre reconnaît volontiers qu’il est « un paradoxe vivant », souvent un peu paumé. Au final, c’est plutôt d'un point de vue politique et spirituel que social, que tout éloigne Alexandre d'une époque dont il ne parvient pas à supporter la corruption morale et l'effondrement intellectuel.

 

La vie comme « mascarade »

 

Passionné de sport extrême, il essaye de pratiquer l’escalade dès qu’il peut, pour se « vider la tête » et sortir de la monotonie du quotidien. Le cinéma représente une véritable échappatoire pour ce cinéphile aguerri. L’espace de quelques heures, il n’est pas obligé de se confronter à la vie qui n’est souvent que « mascarade » à son sens. Surtout si l’on regarde du côté de la politique : «  je les déteste tous, de droite comme de gauche, surtout le nimbo tyrannique et la dinde pimbêche qui aime faire du one man show ».  Nationalisme, patriotisme autant de mots qui ne sont que foutaises. Né en Italie, il ne se sent pas plus français qu’italien : « si on a besoin de s’identifier à un pays c’est par peur de se retrouver tout seul ». Autrefois catholique fervent et aujourd’hui athée, cet  ancien enfant de cœur italien, a remis la plupart de ses idéologies en cause en arrivant en France à douze ans. Un véritable déclic: «  je me suis dit avec toutes les conneries qui m’arrivent si Dieu existe c’est un bel enfoiré avec moi ».

 

 

Un misanthrope par intermittence

 

A force d’expériences et d’observations de vie, qui viennent pour la plupart de son enfance, Alexandre a perdu ses illusions et est en quelque sorte devenu misanthrope. Fils unique, il n’a jamais connu son père, et a toujours vécu avec sa mère. L’absence du père a été comblée en partie par son grand-père maternel. Les non-dits sont nombreux au sein de cette famille « unie » dont la communication n’est pas la principale vertu. Bien qu’affichant un air désinvolte, Alexandre s’est construit une carapace. Revêche il ne fait confiance à personne et surtout pas à la gente féminine. Célibataire endurci, il préfère papillonner au grès de ses besoins. Alors, pas question de lui parler de mariage, il n’y croit tout simplement pas, et n’y voit « qu’un moyen d’entuber le fisc ».  Quant à son futur, il le voit assurément sans enfants: « les relations hommes/femmes étant trop éphémères de nos jours, ce qui a de plus responsable envers un gamin c’est justement de ne pas en faire ».

Le diagnostic pour ce jeune homme complexe souffrant de divers symptômes  de personnalité semble difficile à diagnostiquer. Misanthrope, il l’est en quelque sorte par intermittence.

 Une sorte de mélange incongru de cynisme et d’humanisme contenu dans le corps d’un seul homme.

 

Romy Luhern

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Commentaires
M
intéressant
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